L’émergence inattendue de l’expression « 6 7 » : une histoire de pop culture à l’ère numérique
En octobre 2025, Sam Altman, figure emblématique de l’intelligence artificielle et PDG d’OpenAI, a surpris le monde entier en annonçant que le prochain modèle de ChatGPT porterait un nom tout sauf conventionnel : GPT-6-7. Cette appellation, qui ne fait pas référence à une version technique classique, trouve son origine dans une expression devenue virale sur TikTok, la plateforme préférée des jeunes générations, notamment de la Gen Z et de la Gen Alpha. Cette expression « 6 7 », prononcée « six seven » (et non soixante-sept), est en réalité une inside joke largement incomprise des générations plus âgées, ce qui a provoqué un véritable phénomène de confusion et d’interrogations autour de son sens et de sa portée. Pour comprendre ce phénomène, il faut revenir à la genèse de cette expression. Tout a commencé avec la chanson "Doot Doot (6 7)" du rappeur Skrilla, un titre qui, bien qu’absurde à première écoute, a conquis les cercles restreints de TikTok grâce à sa répétition et son côté surréaliste. Ce genre de contenu viral, très prisé sur cette plateforme, fonctionne souvent par itération et désinvolture : on relaie une phrase ou un geste sans en comprendre véritablement la signification, simplement parce qu’elle devient trendy par l’effet de masse et l’identité communautaire. Par la suite, le phénomène a pris une ampleur inattendue lorsque des joueurs de basket-ball professionnels, notamment LaMelo Ball, qui mesure 2,01 mètres (soit 6 pieds 7 pouces), se sont appropriés ce terme, participant ainsi à son rayonnement dans le monde du sport. Le phénomène a été amplifié par un jeune garçon surnommé « The 6-7 Kid », dont la vidéo virale dans laquelle il crie cette expression avec un geste de la main particulier a agi comme un catalyseur pour propulser cette phrase dans la conscience collective mondiale. Peu à peu, "6 7" est devenue un code, un signe de ralliement incompris mais partagé, notamment relayé dans les retransmissions officielles de la NBA et de la WNBA, ainsi que dans d’autres disciplines sportives comme la NFL. Mieux encore, des personnalités comme Shaquille O’Neal, légende du basket, s’y sont laissées prendre, avouant même ne pas comprendre le sens mais participant avec enthousiasme à cette dynamique. Le succès de « 6 7 » est donc un parfait exemple de la façon dont la pop culture numérique crée et véhicule des langages cryptiques, qui jouent volontiers sur le non-sens pour instaurer un sentiment d’appartenance exclusive. Cette appropriation par le monde réel, tel que le sport professionnel, illustre à quel point les codes issus de TikTok débordent désormais sur des sphères jusque-là formelles et grand public, bousculant les conventions et rendant obsolète la notion traditionnelle de signification. En somme, « 6 7 » ne veut rien dire et c’est précisément pour cela qu’elle fait sens : elle incarne la fluidité, le chaos intelligent et le caractère éphémère de la communication à l’ère digitale.
GPT-6-7, entre stratégie marketing et reflet d’une société hyperconnectée
Le choix du nom GPT-6-7 pour un modèle révolutionnaire d’intelligence artificielle dépasse volontiers le simple cadre sémantique. Il incarne un tournant culturel qui mérite une analyse approfondie tant du point de vue technologique que sociétal. D’un point de vue purement technique, passer d’un GPT-5 à un hypothétique GPT-6 constituerait une évolution linéaire et attendue. Or la décision d’adopter un double chiffre, non standardisé, presque anecdotique, soulève plusieurs questions sur la stratégie d’OpenAI et sur l’état d’esprit actuel des géants de la tech. Premièrement, cette appellation est une excellente illustration de la manière dont les entreprises high-tech s’efforcent d’intégrer les tendances de la culture numérique pour faire vibrer leur communauté, en particulier les plus jeunes générations, souvent perçues comme le futur principal marché des technologies d’IA. En choisissant GPT-6-7, Sam Altman fait un pari audacieux : celui d’embrasser un élément de la pop culture virale afin de créer un buzz massif et instantané, mais également d’afficher une proximité symbolique avec des usagers hyperconnectés et adeptes des codes branchés et mouvants. Ce geste traduit aussi une volonté manifeste d’humaniser la technologie, de rendre le produit moins austère et plus accessible, voire amusant. Par ailleurs, cet événement met en lumière un phénomène plus profond : celui d’un entrelacement croissant entre les univers numériques, où les langages chatbot et les slangs TikTok se croisent pour générer de nouvelles formes d’expression. À l’heure où l’intelligence artificielle forge elle-même un nouveau pan de la culture humaine, cet amalgame déroutant interpelle sur la nature même de la communication et des références culturelles dans notre société. Cela pose aussi la question de l’authenticité et du sérieux dans la communication des innovations techniques. En termes de marketing, il est probable qu’OpenAI cherche à capitaliser sur cet effet de surprise pour renforcer la visibilité de son modèle, tout en s’assurant un positionnement unique face à la concurrence féroce dans le domaine de l’IA. Paradoxalement, le fait d’utiliser une expression qui « ne veut rien dire » peut faire douter certains sur la crédibilité du projet, mais ce doute est largement compensé par la viralité et la portée médiatique gagnée. Enfin, cette démarche est aussi un miroir des attentes contemporaines : alors que les utilisateurs d’outils d’IA réclament de plus en plus d’interactions naturelles, informelles, voire humoristiques, le nom GPT-6-7 peut être perçu comme une invitation à considérer l’intelligence artificielle non plus uniquement comme un outil formel, mais comme une entité culturelle faisant partie intégrante de notre quotidien numérique. En somme, ce choix illustre bien comment la technologie et la pop culture s’entremêlent de manière indissociable pour façonner le futur de l’expérience utilisateur.
L’impact et les perspectives : entre confusion, fascination et avenir de l’intelligence artificielle
Au-delà de l’anecdote ou du simple mouvement viral, la décision d’OpenAI de nommer son prochain modèle GPT-6-7 a plusieurs implications majeures pour le futur de l’intelligence artificielle et sa perception par le grand public. D’abord, il faut reconnaître qu’une partie de la population, notamment les générations plus âgées ou non initiées aux codes de la culture internet, risque d’être totalement déconcertée, voire irritée par cette appellation qui semble frivole et dépourvue de sens. Ce décalage générationnel et culturel peut creuser un fossé entre ceux qui maîtrisent le langage des jeunes connectés et ceux qui sont relégués à une position d’observateurs passifs. Pourtant, cet écart est aussi une opportunité de réflexion sur les évolutions du langage et de la communication à l’ère numérique, et sur l’importance d’inclure la diversité générationnelle dans le développement et la communication des technologies. Par ailleurs, sur le plan technique et stratégique, cette nomination peut cacher un bond en avant significatif en termes de capacités du modèle d’IA — OpenAI pourrait ainsi profiter de cette appellation pour annoncer des avancées disruptives, plus grandes que ce qu’un simple saut de version « GPT-6 » suggérerait. C’est un moyen malin de marquer une rupture avec les versions précédentes tout en surfant sur une vague culturelle qui fait le buzz. Du point de vue sociétal, l’interaction entre culture web et innovation technologique souligne à quel point les entreprises doivent aujourd’hui jongler avec plusieurs facettes de la société pour imposer leurs produits : il ne s’agit plus seulement d’efficacité et de performance, mais aussi d’affinité avec les codes sociaux et les tendances. En ce sens, le nom GPT-6-7 est un signal fort d’une époque où la technique se vit aussi comme un spectacle, un phénomène culturel. Il interroge néanmoins sur la responsabilité des acteurs majeurs du secteur : jusqu’où peut-on mélanger communication décalée et attentes sérieuses en matière d’IA ? Faut-il craindre une banalisation excessive ou au contraire célébrer cette invention collective d’un langage commun à la fois cryptique et fédérateur ? Enfin, pour l’avenir de l’intelligence artificielle, ce changement de paradigme tient en une leçon fondamentale : l’IA ne sera pas qu’une breakthrough scientifique, elle sera un élément profondément social, culturel et même linguistique de notre vie quotidienne. Ce glissement soulève un défi passionnant pour les professionnels : comment concevoir des outils à la fois puissants, fiables, et culturellement intelligents ? En conclusion, GPT-6-7 est une illustration spectaculaire et riche de sens de la manière dont la pop culture et la technologie s’entremêlent et co-évoluent. Plus qu’un simple nom, c’est un symbole des transformations en cours dans notre rapport au numérique et à l’intelligence artificielle, invitant tous les publics à une réflexion ouverte, ludique et critique.